L'histoire du Laos remonte jusqu'avant l'ère chrétienne, comme le
démontrent les énigmatiques vestiges de la plaine des Jarres. Vers le Ve siècle apr. J.-C., l'influence des
royaumes khmers primitifs se fait sentir et, à travers eux, celle de la civilisation
hindoue puis du bouddhisme de la civilisation Dvâravatî. Le site de Vat Phou,
dans le sud du pays, remonte à cette époque.
L'histoire du pays commence réellement vers le XIIe siècle
avec l'arrivée des populations Tai depuis
le sud de la Chine. En 1353 est
fondé le Lan Xang, pays du
million d'éléphants par Fa Ngum. Le royaume se consolide progressivement,
tandis que le bouddhisme s'y implante durablement ; après Luang Prabang, Vientiane
devient capitale en 1560. Le royaume de Chiang Mai est même brièvement annexé
sous Photisarath et Setthathirath, à l'apogée du Lan Xang. Aux XVIIe et XVIIIe siècles
le royaume se morcelle, les provinces passant sous domination birmane, chinoise
ou siamoise.
Après la prise de Vientiane par le général Phraya Chakri (futur Rama Ier)
en 1798, le Laos passe sous le contrôle du Siam (Thaïlande) qui domine les trois royaumes (Luang-Prabang,
Vientiane et Champassak) jusqu'à la fin du XIXe siècle. En 1893, l'action du vice-consul de France
à Luang Prabang, Auguste Pavie,
ainsi qu'un blocus des côtes obligent le Siam à céder à la France la rive
gauche du Mékong (Laos oriental) puis à signer des traités (1902, 1904)
reconnaissant le protectorat de la
France sur la partie orientale de Lan Xang. Celui-ci est finalement intégré
à l'Union indochinoise française en 1899. Quant à la partie occidentale du Lan Xang (dite « Isan »/nord-est),
là où habite 80 % de la population lao, elle reste occupée par le Siam. Si
une monarchie siège à Luang Prabang, le Laos n'est alors pas un État
centralisé, mais un ensemble de territoires auquel seul le protectorat confère
une unité.
En 1904 commence
le long règne de Sisavang Vong, qui
dure jusqu'en 1959 et couvre les deux guerres mondiales, l'établissement du Royaume
du Laos en tant qu'État unifié, la guerre d'Indochine, l'indépendance
définitive du pays et la première partie de la guerre civile laotienne.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Empire du Japon impose sa domination
sur l'Indochine française, y compris le Laos. La France étant à l'époque
gouvernée par le régime de Vichy, cette domination s'exerce de manière
indirecte ; les administrateurs français restent en poste et le drapeau
tricolore continue de flotter sur Vientiane. En 1941, la Thaïlande, alliée du Japon, impose à la France, après
un conflit armé, de céder les territoires à l'ouest du Mékong. Jusqu'en 1945,
l'Indochine française est peu touchée par les combats, mais, lorsque les
Japonais prennent conscience qu'ils vont perdre la guerre, ils cherchent à
empêcher le retour des puissances coloniales européennes et, après le coup de
force de mars 1945 (déportations et exécutions des fonctionnaires et des
militaires français), favorisent l'indépendance des pays de l'Indochine
française. Le roi Sisavang Vong, fidèle à la France, refuse tout d'abord de
proclamer l'indépendance, avant de s'exécuter sous la pression japonaise le 8 avril
1945. Après la capitulation du Japon, le premier ministre, le prince Phetsarath Rattanavongsa, renverse le roi pour tenter de
maintenir l'indépendance et empêcher le retour des Français. Mais l'avancée
progressive des troupes françaises dans le territoire laotien entraîne la chute
du gouvernement Lao Issara (Laos libre) de Phetsarath. En 1946, les
Français donnent au Laos l'autonomie au sein de l'Union française et font du
pays un État centralisé, le Royaume du Laos (les deux royaumes restant unis,
Champassak et Luang Prabang).
Si une partie des indépendantistes, satisfaits
de l'autonomie accrue accordée par la France en 1949, abandonnent alors la
lutte, le prince Souphanouvong, étroitement lié au Việt Minh, refuse de s'en
contenter. Son demi-frère Souvanna Phouma devient premier ministre en 1951. Le
mouvement de Souphanouvong, le Pathet
Lao, étend peu à peu ses bases sur le territoire du royaume durant la guerre
d'Indochine. En 1953, la France accorde au pays son indépendance, mais il est
envahi par les troupes du Việt Minh et se retrouve en état de guerre civile. En
1954, après la bataille de Dien-Bien-Phu, le Pathet Lao parvient à se faire
reconnaître à la table des négociations des accords de Genève.
Au mois de Juin 1962, un gouvernement d'union nationale est mis en place au Laos. Le pays
demeure cependant partagé : au sud les forces anticommunistes et
neutralistes, au nord le Pathet Lao. À cette époque, la France soutient
activement le parti neutraliste. La politique américaine dans la région
consiste quant à elle à se rallier à l'idée de la neutralité du Laos et du Cambodge
tout en défendant activement le Sud Viêt Nam et la Thaïlande et en évinçant
définitivement l'influence française. En 1962, le président Kennedy conclut un
accord avec le Nord Viêt Nam, stipulant le retrait de l'armée populaire
vietnamienne et de l'armée américaine du pays.
Les États-Unis se retirent, mais pas le Nord
Viêt Nam, et la piste Hô Chi Minh, qui traverse le Laos dans les zones
contrôlées par le Pathet Lao[]
est de plus en plus utilisée pour alimenter la rébellion au Sud Viêt Nam. En 1963,
le Pathet Lao lance une offensive qui lui donne le contrôle d'une grande partie
de l'Est et du Nord-Est du pays. Les États-Unis renoncent à engager des forces
régulières, mais ils intensifient leurs activités clandestines au Laos. Des
équipes des Special Forces s'infiltrent dans le sud du pays et la CIA
entreprend d'armer les tribus montagnardes laotiennes, notamment les Hmongs. Souvanna
Phouma, à nouveau premier ministre à partir de 1963 et soutenu par la France,
tente difficilement de maintenir la neutralité du Royaume du Laos, qui n'en
demeure pas moins pris dans sa propre guerre civile, elle-même conflit annexe
de la guerre du Viêt Nam.
Après l'assassinat de John F. Kennedy fin 1963
et un coup d'État en avril 1964 qui élimine définitivement le parti neutraliste
du prince Souvanna Phouma et l'influence de la France dans le pays, de 1964 à
1969 les États-Unis déclenchent Rolling Thunder, une opération de
bombardements intensifs. Les bombardements prennent une ampleur grandissante
provoquant un désastre, notamment dans la plaine des Jarres (où pourtant la Piste
Hô Chi Minh ne passe pas). Le conseiller militaire et journaliste Fred Branfman
a dénoncé l’ampleur de ces attaques dans son livre Voices from the Plain of
Jars : Life under an Air War, 1972. Il a avancé le nombre de plus de
550 000 raids, soit une attaque toutes les huit minutes pendant neuf ans[]. Plus de 260 millions de
bombes à sous-munitions ont été jetées sur des zones peuplées du pays, ce qui
fait du Laos le pays à avoir été le plus bombardé de l'histoire par rapport à
sa superficie[].
Cette campagne militaire provoque un million de morts parmi la population
laotienne[].
La guerre civile laotienne continue jusqu'en 1973,
opposant d'un côté les troupes du gouvernement royal et les miliciens Hmongs
soutenus par les États-Unis et de l'autre la rébellion communiste soutenue par
le Viet Cong et le Nord Viêt Nam. Un cessez-le-feu est déclaré le 22 février 1973 .
Le 5 avril 1974 , un
gouvernement d'union nationale, toujours présidé par le neutraliste Souvanna
Phouma, mais incluant les communistes du Pathet Lao, voit le jour. En 1975,
après avoir étendu son emprise en profitant notamment de la mauvaise santé de
Souvanna Phouma, le Pathet Lao réalise un coup de force et prend le pouvoir. Le
roi Savang Vatthana et la reine Khamphoui abdiquent le 2 décembre 1975. Le roi,
la reine et l'héritier du trône meurent dans un camp d'internement.
République démocratique
populaire lao
Souphanouvong devient chef de l'État et Kaysone
Phomvihane, secrétaire général du Parti révolutionnaire populaire lao, premier
ministre. La République démocratique populaire lao (RDPL) est créée,
avec un régime de parti unique, provoquant entre 1975 et 1987 l'exil d'environ
400 000 personnes, soit 10 % de la population. L'alliance, voire
la dépendance, du nouveau pouvoir vis-à-vis du Viêt Nam voisin est étroite[]. Une période de coopération
avec l'URSS est suivie à partir de 1989 d'une volonté d'ouverture à l'économie
moderne et d'intégration régionale[].
Sans constitution depuis sa proclamation[], la République a fini par en adopter une en 1991[] Le pays a normalisé ses
relations avec les pays voisins comme la Thaïlande, s'est ouvert au tourisme et
a lancé un grand nombre de projets à vocation régionale (ponts, routes,
centrales hydro-électriques et réseaux électriques). Il est membre de l'ASEAN
depuis 1997.